Page 2/2Dès lors, la réunion s'opéra très rapidement : le 28 prairial an
XIII la Bibliothèque et le Musée étaient transférés à Saint-Martial, et,
le 22 thermidor suivant, Calvet (petit parent d'Esprit Calvet)
bibliothécaire de la ville, pouvait écrire au préfet de Vaucluse que
tous les livres de l'archevêché, jusqu'à la plus petite feuille, avaient
été apportés dans le nouveau local. Plusieurs années furent consacrées
au rangement des volumes et au catalogue. Enfin, le 11 janvier 1810, le
Ministre de l'intérieur donna l'accusé de réception des trois volumes du
catalogue de la Bibliothèque; ce sont très probablement ceux qui
forment aujourd'hui les n° 5285-5288 des nouvelles acquisitions du fonds
français des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Quand tout fut en
ordre, une salle de lecture fut ouverte au public; dans une lettre du
24 décembre 1812, le bibliothécaire Calvet annonce qu'elle était
fréquentée par une dizaine de personnes en moyenne chaque
jour.
La
bibliothèque d’Avignon, on le sait maintenant par tout ce que précède,
avait été formée principalement par les anciennes collections des
établissements religieux.
Malheureusement les librairies des
couvents
et communautés supprimés ne demeurent pas intactes : les
transferts
qu’on leur fit subir furent la cause de la perte de nombreux
volumes ;
l’encombrement qui résulta des premières opérations plus ou moins bien
dirigées, facilita les vols et les détournements. Mais en général on
peut dire que les dilapidations pendant la Révolution furent beaucoup
moins sérieuses qu’on a cru devoir l’affirmer ; car il faut
observer
qu’avant la réunion à la France certains couvent avaient déjà aliéné ou
perdu de leurs collections. Malgré cela pourtant, la plupart des
ouvrages qui sont signalés au XVIIIème siècle comme se trouvant en la
possession de telle ou telle communauté, sont aujourd’hui conservés en
la Bibliothèque d’Avignon. Le fait le plus grave qu’on ait pu contrôler
officiellement, est l’enlèvement de la Bible de l’antipape Clément VII
et des Commentaires d’Augustin Trionfo sur S.Mathieu, qui furent volés
avec effraction dans l’ancienne librairie des Célestins, où ils étaient
restés. Le Missel du même pontife aussi disparut : par bonheur,
il fut
racheté, quoique mutilé, au prix de 30 francs, par le bibliothécaire
Calvet, avec l’agrément du préfet ; les Commentaires d’Augustin
Trionfo
et la Bible rentrèrent également (sauf le tome III de la Bible) à la
Bibliothèque d’Avignon à une époque
indéterminée.
La
bibliothèque municipale d’Avignon a été principalement constituée par
les confiscations révolutionnaires.
Les donateurs involontaires qui sont à l’origine de l’éphémère bibliothèque municipale sont, par ordre d’importance bibliographique :
- Les
célestins
- Les dominicains ou frères
prêcheurs
- Le chapitre
métropolitain
- Les Carmes
- Les
Franciscains
- Les
Doctrinaires
- Les Recollets
- Les
Oratiens
- Les bénédictins de
Saint-Martial
- Collège
d’Annecy
- Les Célestins de Gentilly (à
Sorgues)
- Les Chartreux de
Bonpas
- Les Chartreux de
Villeneuve-lès-Avignon
- Les Bénédictins de
Villeneuve-lès-Avignon
- Les Capucins de
Montfavet