Les grandes acquisitions Les grandes acquisitions

Par sa structure juridique unique en France, la Fondation Calvet, établissement public communal, a une personnalité civile entièrement distincte de celle de la ville d'Avignon, ce qui lui permet de recevoir des dons et des legs.

La composition de son Conseil d'administration : cinq membres élus par la municipalité pour dix ans et trois exécuteurs testamentaires, particuliers représentant Esprit Calvet le fondateur, se renouvelant entre eux par cooptation, est un modèle d'équilibre et garantit l'indépendance de l'institution.
Cette indépendance reconnue et appréciée depuis deux cents ans a permis à l'institution de recevoir une quantité considérable de libéralités de particuliers ayant pour objet des biens culturels, des immeubles ou des sommes d'argent.

Esprit Calvet ayant déjà doté sa bibliothèque d'immeubles de rapport dont les revenus - malgré de nombreuses expropriations, au profit de la ville, de terrains ruraux rendus rapidement constructibles - étaient très importants, les innombrables dons et legs, à l'exception des biens culturels, multiplièrent les ressources de la Fondation. Comme Esprit Calvet a mis à la charge de la ville le traitement du personnel de la conservation, « le logement » de sa bibliothèque et l'entretien des collections, la presque totalité des revenus de la Fondation a toujours servi aux acquisitions. D'après un état dressé par Clauseau, administrateur (1842-1850), les achats de livres s'élevèrent du 19 avril 1823 au 30 novembre 1847 à 42 526 francs, somme considérable à une époque où la spéculation sur les biens culturels était insignifiante.


Parmi les acquisitions significatives, l'on peut citer :

  • 1819 : Achat de la bibliothèque Fléchier

  • 1823 : Achat du voyage de Messieurs Humboldt et Bonpland au prix de 7560 francs or, somme considérable pour l'époque. C'est un des plus beaux livres de voyages jamais publiés.

  • 1850 : Achat de la bibliothèque de Charles-Dominique Chambaud, conservateur de la bibliothèque Calvet de 1841 à 1849, contenant une magnifique collection de manuscrits sur Avignon et l'ancien Comté Venaissin, un très grand nombre de livres, brochures et placards, concernant l'histoire d'Avignon, surtout durant la période révolutionnaire. Cette bibliothèque est après les collections Requien et Moutte, la plus importante du fonds vauclusien de la bibliothèque Calvet.

  • 1854 : Achat de 12 manuscrits de l'ancienne chartreuse de Villeneuve, dont la Constitution des Chartreux (XVme siècle), la Chronique du pseudo-Trupin (XIIme siècle).

  • 1863 : Achat à M. Lagrange de sa collection d'estampes gravées d'après Joseph Vernet. Cette collection qui renferme 268 pièces est la plus complète qui existe. Le Docteur Pierre Arlaud considère que « le Musée Calvet peut [...] s'enorguellir de posséder, quoique incomplet, le seul recueil important des estampes gravées d'après Joseph Vernet. »
      
  • 1870 : Acquisition de la collection de portraits gravés de personnages historiques formés par Joseph-Balthazar Silvestre (plus de 12 000 pièces pour la somme de 3 000 francs).

  • 1892 : Achat des estampes, des livres et des manuscrits du chanoine Joseph-Magne Corenson (1807 - 1892), consacrés presque exclusivement à Avignon et au Comtat Venaissin.

  • 1936 : Achat des manuscrits d'Adrien Marcel. Adrien Marcel était né à Marseille en 1848 ; après avoir fait une carrière de fonctionnaire à la Préfecture de la Seine, il avait pris sa retraite comme chef de bureau en 1909 et était venu se fixer à Avignon. Il avait été collaborateur à Paris de la Bibliothèque d'art et d'archéologie fondée par Camille Doucet. A Avignon, il se fit l'émule et le continuateur du Chanoine Requin ; vingt ans d'un travail régulier et assidu lui permirent d'accumuler une masse énorme de notes plus abondantes encore et plus détaillées que celles de Requin. Il mourut à Avignon en 1929, laissant, outre plusieurs études publiées dans les Mémoires de l'Académie de Vaucluse, une trentaine d'épais recueils comprenant un dictionnaire des artistes d'Avignon et du Comtat, des notices sur les Mignard, les Péru, les Franque et les Parrocel, un copieux dictionnaire des rues d'Avignon, des notices sur les hôtels de cette ville, des notes sur des sujets divers. Ce qui prouve l'intérêt de ces manuscrits acquis par le Musée en 1936, c'est qu'ils sont consultés presque quotidiennement par les érudits locaux.